Faire renaître une forêt primaire en Europe de l'Ouest

À l’initiative du botaniste Francis Hallé, reconnu mondialement pour ses travaux sur les forêts primaires, notre association agit pour permettre la renaissance d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest. Concrètement, il s’agit de permettre la protection d’un vaste espace de dimension européenne et de grande superficie – environ 70 000 hectares – dans lequel une forêt existante évoluera de façon autonome, renouvelant et développant sa faune et sa flore sans aucune intervention humaine, et cela sur une période de plusieurs siècles.

Nous postulons qu’une coévolution progressivement construite entre une très grande forêt préservée et un territoire habité est non seulement possible, mais nécessaire : les nombreux bienfaits apportés par une forêt déployant librement ses dynamiques propres, sur le temps très long et jusqu’à redevenir primaire, rayonneront sur tout le territoire, améliorant la santé, le bien-être et les activités d’une région écoforestière pionnière en Europe.

Notre proposition est celle d’un véritable programme de recherche-action, participatif, expérimental, sur les réponses de grande échelle que les forêts peuvent apporter aux urgences climatiques et de biodiversité posées par la crise écologique.

Cette proposition innovante et vertueuse de relation entre société humaine et forêt en libre évolution à l’échelle d’une grande région européenne, constitue un projet de territoire unique au monde : penser et construire collectivement la protection forte d’une forêt vieillissante à grande échelle -spatiale et temporelle- en gardant le développement socio-économique, les pratiques sociales au cœur de la réflexion, c’est se donner les moyens de trouver vraiment des solutions pratiques, viables et désirables aux grands défis écologiques de notre époque.

Parce que l'arbre nous est vital

L’arbre, avec son milieu floristique et faunistique, nous est vital. C’est de lui, des sommets de la canopée équatoriale africaine, que nous sommes venus. Le milieu qu’il anime, plantes, animaux, êtres vivants de toutes natures, la forêt dans toute sa liberté d’expression, est une condition d’existence de notre humanité. Il produit l’oxygène que nous respirons.

Il est urgent de laisser de vastes espaces naturels en libre évolution.

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Qu'est-ce qu'une forêt primaire ?

Une forêt primaire est une forêt qui n’a été ni défrichée, ni exploitée, ni modifiée de façon quelconque par l’homme.  C’est un écosystème qui a mené à son terme les différents cycles de sa genèse. C’est un joyau de la nature, un véritable sommet de biodiversité et d’esthétisme.

En matière d’écologie, une forêt primaire, c’est une forêt qui est à son maximum à tous les niveaux. On ne peut pas imaginer mieux. C’est le maximum de captation et stockage du CO2 atmosphérique dans des troncs devenus énormes, le maximum de fertilité des sols, le maximum d’alimentation des nappes phréatiques par de l’eau pure, le maximum de résilience de la forêt… Et le plus important : le maximum de biodiversité.

Une forêt primaire est beaucoup plus belle et beaucoup plus riche en formes de vie qu’une forêt secondaire (qui a repoussé après une dégradation), dégradée, appauvrie. En Europe de l’Ouest, ces forêts « gérées » ont progressivement remplacé les forêts primaires, s’affaiblissant et affaiblissant de facto tous les systèmes reposaient sur elles.

Une forêt dégradée peut retrouver son caractère primaire à condition de laisser ses dynamiques naturelles se reconstituer sur un temps long : environ 800 ans.

C’est du temps long pour les humains, mais ce ne sont que quelques générations d’arbres qui se succèdent, se remplacent, et s’équilibrent.

Le rythme actuel de nos existences est souvent frénétique, mais planifier un projet sur un temps si long n’est pas hors de portée de l’être humain : les cathédrales qui essaiment l’Europe en offrent un exemple bien concret, exigeant pour beaucoup d’entre elles l’intervention de pas moins de 15 générations d’artisans.

De nos jours, nous engageons déjà les générations futures, mais souvent de façon aveugle et pour le pire : le sens de cette transmission humaine est pourtant plus que jamais d’actualité. Pourquoi ne pas oser aujourd’hui poser les conditions d’un futur plus enviable pour celles et ceux qui nous suivent ?

Des forêts partout détruites

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Les dernières forêts primaires équatoriales sont situées en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Indonésie. Toutes subissent un déclin alarmant. En Europe elles ont quasiment disparu depuis 1850 et l’admirable forêt primaire de Białowieża en Pologne est la seule qui subsiste encore. Malheureusement elle est, elle aussi, en grand danger.

Plus que jamais, il est urgent d’agir !

Faire renaître une forêt primaire en Europe de l'Ouest, c'est...

dessin de Francis Hallé datant de 2018 représentant des Eucalyptus
dessin de Francis Halle
Illustration de Francis Hallé
dessin de Francis Halle
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Lutter contre le réchauffement climatique

Les forêts représentent une réponse majeure au réchauffement climatique par les capacités de décarbonation, inhérentes à la vie des arbres d’une part et au stockage du carbone dans le sol d’autre part.

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Reconstituer un grand réservoir de biodiversité

La forêt garantit la reconstitution d’un réservoir de biodiversité, avec la présence de petits et grands mammifères mais aussi d’insectes, de champignons, d’espèces cavicoles et d’une immense variété d’espèces végétales.

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Protéger la vie humaine

La forêt contribue à la protection de la vie humaine contre les pandémies grâce au maintien et au développement d’écosystèmes suffisamment vastes et variés pour garantir un bon équilibre du vivant dans son ensemble.

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Assurer l’abondance et la qualité des ressources hydriques

La forêt contribue à la régulation du climat, aux précipitations, au stockage et au filtrage des ressources hydriques.

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Développer la recherche

Biologie végétale et animale, botanique ou pharmacologie, au-delà du suivi des évolutions et de l’évaluation, il y a énormément à découvrir dans les milieux naturels laissés libres de toute intervention humaine. Dans cette forêt en renaissance, locaux et observatoires permettront aux scientifiques l’observation, l‘analyse, l’évaluation des processus (tour à flux, etc.) et la production de savoir.

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Encourager le développement territorial, la citoyenneté, les pratiques artistiques…

Nous imaginons dans cet espace naturel des actions de pédagogie et de découverte à destination du grand public, notamment l’enseignement de pratiques vertueuses à l’égard des sols, des espaces naturels, de la faune et de la flore. L’objectif serait également d’y promouvoir un petit tourisme de nature (très) encadré.

Un centre de conférences et d’expositions autour du thème de la nature et en particulier de la forêt sauvage pourrait également y voir le jour.

... construire LA grande région écoforestière européenne

Un projet de renaissance de forêt primaire sur un territoire peut initier des réponses nouvelles à des problématiques économiques présentes, telles que les difficultés de la filière bois notamment induites par une économie mondialisée.

Notre proposition pourrait contribuer à la reconstruction d’une foresterie de haute qualité, sur une zone tampon autour de l’espace protégé, en s’appuyant sur un savoir local important, mais également maintenir des activités locales sur le territoire et en encourageant des activités agricoles durables (agroforesterie, notamment), un tourisme de nature en plein essor, un pôle à la pointe de la recherche scientifique, et en intégrant de manière appropriée les secteurs productifs, leurs dynamiques propres.

Le projet propose de fait une opportunité de développement économique fondée sur les exigences de la transition écologique.

Deux territoires sont actuellement envisagés par l’association comme terrains de recherche pour le développement du projet : les Ardennes franco-belges et la région réunissant Vosges du Nord françaises et Rhénanie-Palatinat allemande. Ces deux territoires associent trois critères essentiels :

  • un caractère transfrontalier, le projet étant fondamentalement européen, par son échelle, son caractère transgénérationnel et son rayonnement ;
  • une tradition et une identité forestières fortes, avec des massifs déjà anciens ancrés dans la culture des habitant·e·s, dans des zones de basse altitude où poussent naturellement des feuillus tempérés, partout menacés par le remplacement d’espèces considérées plus « productives » ;
  • des forêts en majorité publiques, le projet ne visant pas l’achat de terres, mais bien la protection de forêts relevant déjà du domaine public : il est déjà reconnu d’intérêt général et s’inscrit pleinement dans cet objectif.

Naturellement, le contexte socio-économique des deux régions étudiées constitue un axe central pour le projet, qui contribuera à lui donner sa forme définitive : c’est tout l’enjeu d’une co-construction avec les habitant·e·s concerné·e·s, les scientifiques, les institutions, les associations…

L’association Francis Hallé pour la forêt primaire propose là aussi d’innover : le résultat final n’est pas donné à l’avance. Loin de parachuter un projet ficelé, le projet repose sur le dialogue et la co-construction. Il dote de temps et de moyens un large processus de concertation local, régional, national, européen, sans lequel rien n’est possible.

L’exploration est un mot-clef de la démarche, au cœur de tous ses enjeux.

Le projet aujourd’hui : faire connaître, écouter, expérimenter

Aujourd’hui, les objectifs de notre projet sont multiples :

  • mieux faire connaître l’importance des forêts naturelles et anciennes auprès de toutes les générations ; écrire un nouveau récit des rapports entre forêts et sociétés humaines
  • mieux comprendre, par l’écoute,la discussion et les débats les rapports qu’entretiennent les habitant·e·s des territoires concernés avec la forêt actuelle, afin de favoriser les échanges et des lignes de force cohérentes, en expérimentant des nouvelles formes de dialogue ;
  • produire, en tant qu’association, des travaux de recherche sur les divers enjeux qu’un tel projet soulève : géographiques, sociaux, d’aménagement du territoire, de développement d’activités, de politiques publiques d’accompagnement et de compensation, etc. 

Des défi plus que passionnants : essentiels

Le projet de renaissance d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest se situe en plein cœur de problématiques d’une actualité brûlante : changements écologiques de plus en plus sensibles, injonctions contradictoires entre exploitation des forêts et préservation de l’environnement, conflits d’usages dans les forêts et statuts des arbres et des forêts au cœur des débats… 

Notre originalité, comme association, et non institution publique, c’est de présenter une démarche pour construire collectivement une réponse possible et concrète à ces problématiques.

Chacune et chacun, à son échelle, peut y contribuer indirectement en participant à la meilleure connaissance de l’importance des forêts naturelles, en libre évolution, autour de nous, et en rejoignant les plus de 4000 membres de l’association, pour soutenir notre grand projet.

Nous avons besoin de vous !

Ce projet de très long terme, multiséculaire, complètement innovant par les enjeux mêmes de sa durée, ambitionne la transmission aux générations futures d’un patrimoine naturel, source de vie, de savoirs, de culture.

C’est un acte et un message de solidarité envoyés dans l’espace-temps des générations à celles et ceux qui, demain et après-demain, en bénéficieront.

Une grande forêt primaire reconstituée en Europe de l’Ouest, c’est nécessaire et possible. C’est une question de volonté.

Nous agissons pour que soient créées, dans le cadre d’un projet européen, les conditions concrètes (scientifiques, techniques, juridiques, foncières) de son développement et de la constitution d’un réseau de grands d’espaces naturels intacts.

Photo principale : Vue aérienne de la forêt de Białowieża au début de l’automne. © Arnaud Hiltzer

Défilement : © Bernard Boisson, © Pierre Chatagnon, Unsplash CC

F.Hallé : © Tristan Jeanne-Valès / Bonne Pioche Cinéma 2012

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