Le 2 décembre 2025 se tenait à l’école forestière de Nancy, sur le campus d’AgroParisTech, la séance de restitution d’un cycle de trois séminaires territoriaux inscrits dans une démarche de recherche-action co-portée par le programme interministériel PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture) et notre association, conduite par la coopérative Acadie, autour de la thématique des modalités du changement d’échelle dans les processus de mise en libre évolution d’espaces forestiers dans le Grand Est.
Cette démarche a eu pour objectif de rassembler les participants autour de la construction collective d’une grille de lecture partagée des outils et moyens disponibles pour faire évoluer la gestion forestière vers un plus haut degré de naturalité. Le croisement de différentes expériences a permis de mieux cerner les enjeux relatifs à la libre évolution, son intérêt, ses usages possibles et les questions que pose sa montée en échelle, tout en tenant compte des débats qu’elle ouvre à l’échelle locale.
Un des nombreux points positifs et novateurs de cette démarche réside dans la pluralité des acteurs associés :
- des membres d’établissements publics comme la DREAL Grand Est, l’Office National des Forêts, le Centre National de la Propriété Forestière Grand Est, le Commisariat de Massif des Vosges
- des acteurs territoriaux, comme des représentants de la Région Grand Est, de la ville de Strasbourg, de la commune de Sturzelbronn, des membres du Parc national de forêts, du parc naturel régional des Vosges du Nord ;
- des organismes associatifs et des structures de recherche comme l’Observatoire Hommes-milieux du Pays de Bitche, l’Association Francis Hallé pour la forêt primaire ;
- des acteurs locaux intervenants ponctuellement, comme la Chambre d’agriculture d’Alsace, l’association belge Forêt & Naturalité et l’association Actions Forêts.
Nous nous réjouissons que ces séminaires aient pu réunir des acteurs dans une démarche constructive de réflexion autour d’un enjeu absolument central pour notre époque. Alors que la France s’est engagée lors du Congrès mondial de la Nature en 2021 à protéger 10 % du territoire en protection forte, que l’Union Européenne a fixé dans sa Stratégie pour la biodiversité (EU Biodiversity Strategy for 2030) l’objectif de développer
la protection des milieux naturels de façon qu’en 2030, 30% de la superficie terrestre et maritime de
l’Union Européenne soit protégée, dont 10% sous protection renforcée, les cadres et les outils pour y parvenir manquent encore.
Les réflexions collectives ont permis de préciser bien des situations et de dessiner avec plus de précisions des scénarios différents, des stratégies aux potentiels et aux contraintes bien spécifiques, qui constituent autant de ressources pour articuler de nouvelles réflexions. Les débats de cette dernière séance ont été marqué d’une grande qualité d’écoute réciproque, permettant de croiser des retours d’expériences pertinents et posant des questions qui restent encore à explorer pour la suite.
Les conclusions de cette démarche de recherche-action feront l’objet d’une publication aux éditions PUCA, permettant de poser un premier jalon de réflexion autour de ce sujet central.
L’association est fière d’avoir été l’une des deux structures co-porteuses de cette démarche qui illustre pleinement notre volonté de créer plus de dialogue, de concertations et d’ouverture autour de la possibilité d’un retour d’une très grande forêt en protection forte en Europe de l’Ouest.
Nous vous tiendrons informés de la publication qui résultera de cette démarche.