Un (petit) tour du monde des forêts primaires

Ces immenses forêts couvraient la planète depuis des centaines de millions d’années. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Que sont devenus ces véritables continents faunistiques et floristiques à l’extraordinaire diversité biologique d’où notre espèce humaine est issue ? Ce n’est pas une étude scientifique exhaustive que nous présentons ici bien sûr mais un petit aperçu où parfois l’absence d’information vérifiée de terrain doit rendre prudent. De plus ce sont les forêts de plaine qui seront principalement évoquées.

En route donc pour notre petit inventaire des forêts primaires en quelques lignes, un inventaire organisé selon les 3 grandes échelles planétaires.

Nord, Sud, Tropiques

Les hautes latitudes Nord

  • En Europe : Białowieża en Pologne et, pas très loin de là, la Sibérie. Ce sont de vraies forêts primaires mais avec peu d’espèces d’arbres, peu d’animaux mais très gros (orignals, rennes mangeurs de lichens et le bison d’Europe à Białowieża).
  • En Amérique du Nord, sur la Côte Pacifique : le Nord de la Californie, l’Oregon, le Parc National de la Péninsule Olympique dans l’état de Washington. 
  • Le Grand Nord Québécois, avec très peu d’espèces d’arbres, surtout des résineux.
  • Le Japon a aussi de belles forêts dans ses parcs nationaux forestiers.

Les hautes latitudes Sud

  • En Amérique : le Chili et le sud de l’Argentine compte de très belles forêts riches de quantités d’arbres.
  • En Afrique : beaucoup d’incertitude sur ce qui reste.
  • L’Australie : sans doute plus rien après qu’elle ait été ravagée par les grands feux de 2019.
  • La Nouvelle-Zélande.
  • La Tasmanie a de magnifiques forêts encore aujourd’hui.

Les Tropiques

  • En Afrique : le Gabon, avec son arbre emblématique le grand Moabi, la République Démocratique du Congo, le Congo Brazzaville. En Côte d’Ivoire la situation est plus incertaine si l’on excepte le grand Parc National de Taï. En Ethiopie, la situation est douteuse. Madagascar compte au contraire un bel ensemble sur la côte nord-est avec la forêt pluviale du Parc National de Masoala.
  • En Asie : le Nord de Bornéo, le Yunnan et la Birmanie abritent de belles forêts primaires. Sur l’île de Taïwan c’est beaucoup moins sûr. Le Laos. En Malaisie, il reste un Parc National magnifique : Taman Negara
  • En Amérique : il y a d’importants morceaux de forêts en Amazonie, en Guyane française, dans l’île de la Dominique, au Costa Rica. Le Mexique, compte la belle forêt du Yucatan, mais dans l’Etat de Vera Cruz c’est beaucoup moins sûr. Dans l’ouest brésilien on relève les ensembles présents dans les états d’Acre et de Rondonia (dans ce dernier Etat elles ont subi des incendies).
  • En Polynésie : les Iles Marquises.
  • En Mélanésie : les plus belles forêts primaires sont en Nouvelle Guinée, Irian Jaya et Papouasie, mais l’exploitation y est maintenant très active. La Nouvelle Calédonie a un Parc National. Les îles Salomon. L’archipel des Vanuatu.

Une disparition dramatique

Dans la seconde moitié du XXe siècle près de 70% des forêts primaires existantes ont disparu. Francis Hallé cite souvent l’exemple de cette belle forêt près d’Abidjan qu’il étudia au début de sa carrière scientifique et qui est devenue aujourd’hui… un parking de supermarché.

Pour l’essentiel ces forêts ont été détruites pour être remplacées par des plantations d’arbres cultivés. C’est l’Asie qui a connu la déforestation la plus forte car s’y développait une famille d’arbres au bois extrêmement précieux, les diptérocarpes, donnant lieu à une extrême spéculation.  De plus la pression démographique y fut également plus importante.

L’Afrique, elle, s’en sort à peine mieux, seulement « protégée » dans ses régions aux situations très instables et de grande insécurité où les forêts sont faiblement exploitées. Ailleurs c’est le drame. 

L’Europe a elle a presque tout perdu de ses vieilles forêts (en Europe de l’ouest jusqu’au souvenir même de ce que c’était).

Est-ce un phénomène irréversible ? On pourrait répondre non sur le moyen et long terme. Ainsi en zone tropicale, une exploitation forestière qu’on laisserait tranquille pendant 50 ans retrouverait les éléments d’une forêt primaire. Mais exclusivement si on arrêtait toute exploitation, car sinon tout le monde pouvant y entrer (braconniers, agriculteurs), le processus de reconstruction serait rendu impossible.

Il y a eu des expériences très concluantes en ce sens. Notamment en Thaïlande. Un groupe anglais y a mené une série de travaux suivant un protocole très strictement respecté : 7 espèces d’arbres sont amenées sur une petite surface avec de grosses boutures et cela constitue un boisement. Ce petit boisement fait revenir des animaux, notamment des oiseaux, qui par leurs excréments transportent des arbres. Il faut, à proximité, des forêts intactes et, alors, les arbres reviennent tout seuls.

Si personne ne vient, au bout de 50 ans, on a une belle ambiance forestière. 

En moyenne en zone tropicale une forêt primaire se reconstituera en 7 siècles.

Hors zone tropicale, un tel processus de reconstruction sera beaucoup plus long. De l’ordre de 10 siècles. C’est le travail que notre époque doit aux générations futures.

 

Partager cet article
Articles similaires
Soutenez-nous !

En soutenant l’association Francis Hallé, vous agissez concrètement pour la renaissance d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest

Chercher dans les pages et les articles du site

Merci !

Vous êtes inscrit à notre newsletter. Vous recevrez prochainement de nos nouvelles.

Pour suivre l’avancée du projet de forêt primaire, inscrivez-vous à notre newsletter !