Il faut un Forest New Deal mondial !

Texte est issu d’un entretien avec Francis HallĂ©, interrogĂ© par Éric Fabre dans le contexte de la crise sanitaire de 2020.

La pandĂ©mie mondiale de Covid19, avec l’énormitĂ© de la crise sanitaire, Ă©conomique, sociale, culturelle qu’elle a engendrĂ©e pour les sociĂ©tĂ©s humaines, rĂ©vĂšle cruellement les consĂ©quences dramatiques de la dĂ©gradation de la biodiversitĂ©. Du point de vue du botaniste, du spĂ©cialiste des forĂȘts notamment tropicales, comment cela se manifeste-t-il ? Quelle relation entre santĂ© humaine et biodiversité ?

La biodiversitĂ©, tout simplement nous permet de rester en vie. Retirez de notre alimentation quotidienne tout ce qui provient de la diversitĂ© biologique ; savez-vous ce qu’il nous resterait, comme nourriture et comme boisson ? De l’eau salĂ©e, rien de plus !

Notre attachement Ă  la biodiversitĂ© a aussi une raison philosophique : c’est que nous en faisons partie ; l’espĂšce humaine est le produit de l’évolution biologique, au mĂȘme titre que n’importe quelle autre espĂšce vivante.

Quelle place les forĂȘts devraient-elles alors occuper dans ces enjeux liĂ©s Ă  la diversitĂ© biologique ?

Énorme. Car on peut se placer dans n’importe quel territoire tempĂ©rĂ©, tropical ou Ă  trĂšs haute latitude, quel que soit le territoire, si l’on a une forĂȘt ce sera le maximum de diversitĂ© biologique. Tous les autres types de vĂ©gĂ©tations sont moins riches. Et on peut prĂ©ciser que cette richesse en espĂšces, liĂ©e Ă  la forĂȘt, c’est Ă  la fois aĂ©rien et souterrain. Aucun autre milieu n’atteint cette richesse.

On sort d’une Cop 25 particuliĂšrement dĂ©cevante. Est ce que tu considĂšres que la forĂȘt a aujourd’hui sa juste place dans la problĂ©matique mondiale ? 

Mais non ! La forĂȘt n’a pas beaucoup de place lĂ  dedans ; on en parle peu. Il n’y a pas de COP consacrĂ©e Ă  la forĂȘt ; et pourtant si on se soucie de biodiversitĂ© il faudrait mettre la forĂȘt au tout premier plan.

Alors si tu avais Ă  esquisser des actions possibles, un Plan Mondial pour la forĂȘt, qu’est-ce que tu y mettrais comme axes de rĂ©flexion et d’actions ?

Je parlerais, au stade de gravitĂ© oĂč nous en sommes, de la nĂ©cessitĂ© d’un vĂ©ritable New Deal mondial pour la forĂȘt. Et je le verrai sur deux plans essentiels :

  • d’abord sortir toutes les questions concernant la forĂȘt de la compĂ©tence de la FAO [Food and Agriculture Organization, ndlr] qui en a une vision beaucoup trop Ă©troitement gestionnaire, quasi industrielle et pas du tout Ă  la hauteur de question. Il faut crĂ©er une nouvelle Agence Mondiale pour la ForĂȘt, relevant elle aussi de l’ONU, et qui traite cet Ă©cosystĂšme pour ce qu’il est, dans toute sa spĂ©cificité ; laissons la FAO gĂ©rer ce qui relĂšve des plantations d’arbres, ce qui est une autre affaire, respectable certes, mais en aucun cas celle de la forĂȘt.
  • Ensuite dĂ©finir (Etats GĂ©nĂ©raux mondiaux, COP… etc. on a de multiples moyens techniques et humains pour ça) les grandes prioritĂ©s d’une politique mondiale partagĂ©e de la forĂȘt, sous tous ses aspects, et mettre alors en place la structure adĂ©quate pour l’animer dans les conditions d’aujourd’hui.

Il serait temps, non ? Car la forĂȘt brĂ»le au sens propre ?

Oui, une des prioritĂ©s devrait ĂȘtre la protection contre les feux. C’est facile Ă  dire, mais c’est tellement simple d’allumer un feu. N’importe quel idiot, criminel ou pas, peut le faire. J’ai des contacts en Australie, c’est l’horreur absolue ; ce ne sont pas des gros feux, c’est des mĂ©ga-feux, un cran au dessus. On ne peut rien faire contre les mĂ©ga-feux, ça fait une colonne de flamme qui s’étrangle et il y a une boule qui part et qui va tomber 10 km plus loin. Donc, quels que soient les moyens en hommes et matĂ©riels qu’on met, on ne peut rien faire. Les Australiens sont trĂšs mal partis. Je suis trĂšs inquiet pour ce pays lĂ . Je me demande si ça ne prĂ©figure pas des Ă©vĂ©nements Ă  l’échelle mondiale, si nous ne parvenons pas Ă  limiter l’élĂ©vation des tempĂ©ratures.

Au-delĂ  de ces nouveaux moyens, des enjeux sĂ©curitaires et de protection Ă©normes pour ces forĂȘts existantes, que faudrait-il faire Ă  ton avis ?

Je crois que notre connaissance des forĂȘts est encore trop rudimentaire ; mĂȘme les forĂȘts d’Europe, les forĂȘts des rĂ©gions tempĂ©rĂ©es, on les connaĂźt mal ; il faudrait un effort de recherche.

Plus gĂ©nĂ©ralement est-ce qu’il ne faudrait pas repartir de l’arbre lui-mĂȘme ? Est ce que la forĂȘt ne nous cache pas l’arbre ?…

Si, tu as raison, tout ça dĂ©marre au niveau de l’arbre. C’est lui qui ne fait pas l’objet de suffisamment de recherches. Je ne dis pas ça parce que je fais des recherches sur l’arbre. Je ne prĂȘche pas pour ma paroisse
mais nous ne sommes pas assez nombreux Ă  nous intĂ©resser Ă  la biologie de l’arbre.

Pourtant on a l’impression que l’arbre quand-mĂȘme depuis le temps qu’on en parle, la science, les auteurs, conteurs


Ça ne fait pas si longtemps. Lorsque j’étais jeune chercheur il n’était pas question de s’occuper des arbres. Il y avait une raison simple Ă  ça, c’est que la recherche sur les arbres c’était Les Eaux et ForĂȘts. Donc l’universitĂ© Ă©tait priĂ©e de s’en aller, de se dĂ©sintĂ©resser de ça. Ça ne fait pas longtemps que ça a changé ; alors on dit « il y a quand mĂȘme une avalanche de bouquins », c’est vrai, mais ça date du moment oĂč la recherche s’est faite en dehors des Eaux et ForĂȘts. Parce que leur recherche Ă  eux, mĂȘme s’ils s’en dĂ©fendaient, c’était toujours dans le but  de produire le maximum de bois dans le minimum de temps.

Dans le cadre de cette rĂ©flexion mondiale qui repartirait de l’arbre et des rapports variĂ©s que les hommes entretiennent avec lui, quel intĂ©rĂȘt  y-a-t-il Ă  faire « renaĂźtre »  une forĂȘt primaire en Europe de l’Ouest, comme c’est notre projet ? 

Nous pensons que nos forĂȘts sont belles, mais si elles Ă©taient remplacĂ©es par des forĂȘts primaires on verrait alors ce que c’est qu’une forĂȘt vĂ©ritablement belle. C’est infiniment plus beau que tout ce qu’on a, mĂȘme Tronçais. MĂȘme ce qu’on considĂšre comme le top en matiĂšre de forĂȘt c’est trĂšs peu de chose, au plan esthĂ©tique, par rapport Ă  la forĂȘt primaire.

Et au-delà de sa beauté, de sa dimension ? 

Pour moi c’est fondamentalement philosophique. Est-ce que nous sommes capables de cohabiter avec la forĂȘt primaire ? Jusqu’à prĂ©sent, en Europe de l’Ouest, nous ne nous en sommes pas rĂ©vĂ©lĂ©s capables parce que nous n’avions pas compris la valeur de la forĂȘt primaire, nous avions seulement compris que l’on pouvait en tirer beaucoup d’argent. J’ai trĂšs souvent pensĂ© que notre projet Ă©tait un test de la qualitĂ© de l’ĂȘtre humain.

Un caractĂšre expĂ©rimental ? C’est-Ă -dire


Si on arrive Ă  faire cette forĂȘt primaire (sur la trĂšs grande durĂ©e, sur de grandes dimensions) alors ça voudra dire qu’on a de la suite dans les idĂ©es, le sens de la transmission de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations et le respect aussi de ce qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fait. Si on n’est pas capables de le faire c’est qu’on est mauvais, voilĂ .

Est-ce un des enjeux de la lutte contre le changement climatique ?

Oui bien Ă©videmment, mais lĂ  mĂȘme 70 000 hectares ça ne suffira pas. Ça va tout Ă  fait dans le bon sens mais c’est un peu une goutte d’eau. Oui, lutter contre le changement climatique c’est stocker du carbone et Ă©mettre de l’oxygĂšne et c’est ce que fait trĂšs bien une forĂȘt. Le relĂąchement de l’oxygĂšne, c’est un peu discutable parce que quand elle vieillit elle en relĂąche moins, mais le stockage du carbone alors lĂ  c’est vraiment fonction de la durĂ©e de vie de cette forĂȘt. Que ce soit liĂ© au changement climatique c’est vrai mais ce n’est pas la mĂȘme Ă©chelle.

L’important ici avec cette forĂȘt c’est de faire renaĂźtre cette biodiversitĂ© dont on a tant besoin.

Pourquoi alors une aussi grande dimension et un aussi long terme ?

Les grandes dimensions sont liĂ©es Ă  la prĂ©sence de la grande faune, une forĂȘt primaire comportant Ă©quitablement des arbres et des animaux. Quant Ă  la longue durĂ©e, ce n’est pas un choix, c’est le temps nĂ©cessaire au retour de la forĂȘt primaire aux latitudes tempĂ©rĂ©es, et personne n’est capable d’accĂ©lĂ©rer ce processus de renaissance. 

Reconstruire de la nature ? VoilĂ  une question qui fait dĂ©bat


Terrasson, grand naturaliste français, disait : « Vous aimez la nature ? Eh bien foutez-lui la paix ! Â»

RĂ©gis Debray, lui, qui prĂ©fĂšre le mot milieu Ă  celui d’environnement et qui est bien conscient des enjeux climatiques critique toutefois ce qu’il appelle une « idolĂątrie de la nature », disant : « l’homme c’est la civilisation, la nature c’est la loi du plus fort (
) » ou bien encore « on n’avait pas pensĂ© qu’un jour il faudrait s’incliner devant les arbres (…) ».

Il y a un moment oĂč il faut changer d’habitudes.

Ce n’est pas une « idolĂątrie Â». Ce terme est mauvais. C’est comme « nature sous cloche Â» ou « sanctuarisation Â» ; il y a des termes qui m’énervent. S’incliner devant les arbres, je le fais volontiers car sans les arbres on ne serait pas lĂ . C’est eux qui nous permettent de vivre, ce ne sont pas les petites plantes, ce sont les arbres. Alors moi, je veux bien m’incliner devant les arbres. Oh, je ne vais pas les entourer, les embrasser, mais je sais qu’ils garantissent la qualitĂ© du milieu, pour reprendre son terme, et qu’ils sont indispensables Ă  notre survie. 

La nature sans l’homme c’est concevable ?

Mais bien entendu ! L’homme il a 300 000 ans. Qu’est-ce qu’il y avait avant ? 380 millions d’annĂ©es, pour les forĂȘts, oĂč la nature a parfaitement vĂ©cu sans nous. Peut-ĂȘtre cette nature-lĂ  ne serait-elle pas tout Ă  fait complĂšte s’il n’y avait pas cette espĂšce que nous reprĂ©sentons toi et moi ; il manquera ça mais c’est parfaitement envisageable une nature sans hommes. Moi j’ai la chance d’avoir vu ça dans plusieurs pays tropicaux.

Ces forĂȘts connaissent tout de mĂȘme une prĂ©sence humaine ?

Oui, c’est vrai que des gens vivent dans la forĂȘt mais on ne peut pas dire que la forĂȘt ait besoin d’eux. Je ne leur en veux pas du tout ; ils ne font pas de tort, ils sont Ă  une densitĂ© extrĂȘmement faible et ils n’ont jamais eu d’ambition industrielle et commerciale. C’est juste leur propre survie qui les intĂ©resse ; ça, ça ne dĂ©truit pas la forĂȘt.

Au fond la nature se passe trĂšs bien de nous. Il suffit d’avoir un peu le sens du long terme. L’homme arrive en tout dernier, ça fait trĂšs peu de temps qu’il est lĂ  et il a dĂ©truit la moitiĂ© des forĂȘts de la planĂšte. Ce n’est Ă©videmment pas durable ce comportement humain.

Si tu avais un vƓu Ă  formuler en cette annĂ©e 2020 si dramatiquement engagĂ©e ?

Facile. Mon vƓu ça serait que nos dirigeants, au-delĂ  de raisons Ă©lectorales, soient profondĂ©ment convaincus de la vĂ©racitĂ© de cette Ă©cologie globale. Pour de simples raisons de survie que l’actualitĂ© vient de rendre malheureusement plus Ă©videntes. Mais ils n’en sont pas lĂ .

Quand tu dis survie : si les forĂȘts disparaissent, on meurt ?

Oui, sans aucun doute. Par manque d’oxygĂšne et par manque de fixation du carbone. On meurt, sans aucun doute. On n’aura plus le gaz qui nous est nĂ©cessaire et on sera envahi par un gaz qui n’est pas toxique mais qui ne nous sert pas Ă  respirer.

Il ne suffit pas d’énoncer une vĂ©ritĂ© pour que les gens l’entendent. Comment convaincre sur le rĂŽle des forĂȘts ?

Investissons dans les petits, dans les Ă©coles,  les petites Ă©coles. Parce que c’est lĂ  que ça se passe ; la rĂ©ponse Ă  cette question ce sont des rĂ©flexes acquis dans l’enfance. Le respect des forĂȘts c’est Ă  cet Ăąge-lĂ  qu’on l’acquiert. Le respect de la nature en gĂ©nĂ©ral.

Par la visite ?

Oui, les petits, ils vont prendre ça en admiration, en amour. Eh bien voilĂ , c’est gagnĂ©. J’ai l’impression qu’on en fait de moins en moins dans les petites classes ; des enseignants m’ont dit ça. Il y a quelques annĂ©es on mettait encore des plantes, des animaux, aujourd’hui c’est tombĂ© Ă  l’eau. Tout ce qu’ils peuvent supprimer de nos jours ça leur fait des Ă©conomies
 C’est ridicule. Pour la sensibilitĂ© Ă©cologique, la solution c’est l’enseignement aux tout petits.

S’il fallait mettre beaucoup d’argent sur cette question des forĂȘts dans le monde. Si tu avais les moyens que tu veux, qu’est-ce que tu ferais ?

Je mettrais les deux tiers sur l’enseignement des petits, des enfants, et le tiers restant dans la recherche. 

Aujourd’hui autour de la forĂȘt il y a beaucoup de discours, mais aussi d’initiatives qui se dĂ©veloppent : rĂ©serves en libre Ă©volution, actions de plantations, etc. Comment notre projet de renaissance d’une grande forĂȘt primaire s’articule-t-il avec toutes ces initiatives ?

Tant qu’on confondra une plantation d’arbres avec une forĂȘt on sera mal partis. La forĂȘt c’est trĂšs rĂ©silient mais ça rapporte peu aux industriels, tandis que les plantations d’arbres c’est beaucoup plus juteux sur le plan financier. Donc la confusion rend service aux industriels du bois. La plantation manque terriblement de rĂ©silience, elle est sensible aux parasites, aux feux et aux vents forts. Ce qui me frappe surtout c’est cette sensibilitĂ© au feu. Les mĂ©ga feux c’est dans les plantations, pas dans les forĂȘts.

Donc la grande différence


La plus grande diffĂ©rence, avec la forĂȘt, c’est la biodiversitĂ©.

Bien sĂ»r, planter c’est mieux que dĂ©truire. Et tout un mouvement existe,  je ne le discute pas. Nous voulons ensemble amĂ©liorer les choses. ParticuliĂšrement tout ce qui favorise la libre Ă©volution est trĂšs positif.

Mais quand on plante, surtout avec l’objectif de valorisation derriĂšre, on ne fait pas une forĂȘt mais une plantation d’arbres. Sur notre planĂšte c’est typique, il y a de moins en moins de forĂȘts et de plus en plus de plantations. Il faut donc refuser ceux qui nous disent que c’est la mĂȘme chose.

Alors on laisse faire et
 on attend ?

Oui, nous, nous laissons la nature, les forĂȘts se reconstituer elles-mĂȘmes, et notre projet c’est ça en trĂšs grand dĂšs le dĂ©part et pour le trĂšs long terme. Je n’ai rien contre les plantations ; on a besoin de bois et on n’est pas prĂšs de se  passer du bois, il faut donc planter des arbres dans ce but,  ça ne me choque pas. Mais qu’on appelle « forĂȘt Â» ces « plantations d’arbres Â» ça me semble un contresens trĂšs, trĂšs dangereux.

Si on plante, les arbres auront tous le mĂȘme Ăąge. Dans les plantations l’exploitation a lieu avant mĂȘme qu’ils soient adultes ; s’ils ont le bon diamĂštre pour les scier on les coupe et on replante la mĂȘme espĂšce. Sous une seule espĂšce il y a trĂšs peu de biodiversitĂ©. Avec les techniques actuelles on ramasse tout,  il n’y a jamais de bois mort. Ensuite, quand on a ramassĂ© on replante les mĂȘmes espĂšces. Tu fais ça 4/5 fois et le sol n’en peut plus.

En libre Ă©volution c’est trĂšs diffĂ©rent ; les diffĂ©rentes espĂšces d’arbres n’ont pas les mĂȘmes prĂ©lĂšvements sur le sol, donc ça s’équilibre; on laisse pourrir au sol les arbres et ça c’est la source de la biodiversitĂ©. Des arbres qui meurent sur pied et qui se dĂ©composent au sol on en a besoin. 

Tout ça est trĂšs long sans doute, mais le temps long, nĂ©cessaire Ă  la nature, est quelque chose que nous devons rĂ©apprendre. On a plus vite dĂ©truit que bĂąti. Les arbres, justement, en savent quelque chose grĂące Ă  nous, ou plutĂŽt Ă  cause de nous


Propos recueillis par Éric Fabre, mai 2020

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